Quels arbres planter pour répondre au réchauffement climatique ?

« Depuis 2018, plus de 300 000 hectares de forêts publiques en France ont subi un taux de mortalité inédit. L’équivalent de 30 fois la superficie de Paris. Et le mouvement se poursuit. D’ici 50 ans, la moitié de la forêt française pourrait avoir changé de visage. La liste des conséquences dues à l’accélération du changement climatique s’allonge : dépérissement de peuplements forestiers, parasites et insectes ravageurs, extension des feux de forêt, sécheresses récurrentes… » : tel est l’état des lieux dressé par l’ONF et partagé par tous les acteurs du secteur.

Un constat qui oblige d’un côté à réduire de façon drastique nos émissions de CO2 pour tenter de freiner le réchauffement climatique et garder notre planète « vivable », c’est le sens des dernières préconisations du GIEC ;  de l’autre, à planter des arbres plus adaptés et résistants face au réchauffement climatique. Cela vaut pour les professionnels de la forêt comme pour les particuliers soucieux de compenser leur empreinte carbone tout en profitant durablement des arbres de leur jardin d’agrément.

Anticiper et adapter les essences d’arbres aux changements climatiques

En France, l’ONF, en charge de la gestion publique des forêts françaises, soit 11 millions d’hectares de forêt appartenant à l’État ou aux collectivités territoriales, s’est associée à l’INRAe (l’Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement) pour réfléchir à l’adaptation du peuplement en place et à l’installation d’une forêt plus résiliente pour demain. A l’opposé, comme l’explique un article publié par The Conversation le 1er janvier 2020, leur démarche volontariste se heurte aux tenants de la « gestion forestière proche de la nature » (close-to-nature forestry) qui préconisent une intervention humaine minimale pour favoriser les processus biologiques naturels.

Au risque, répondent formellement certains scientifiques, de perdre de plus en plus d’arbres. Car s’il est vrai que les arbres ont une capacité naturelle d’adaptation, elle s’avère beaucoup trop lente au regard de la rapidité prévisible d’évolution du climat : « Il faut aider la forêt à s’adapter et se défendre. Nous avons du recul sur certaines forêts depuis une dizaine d’années et on voit bien qu’elle ne s’en sort pas toute seule quand on la laisse se reproduire à l’identique. Continuer à faire de la régénération naturelle sur une parcelle de hêtres comme on le faisait jusqu’ici, c’est se raconter des histoires et s’exonérer de notre responsabilité », explique ainsi Olivier Rousset, directeur général adjoint à l’ONF.

L’ONF prône donc une adaptation du peuplement des forêts qui passe par la diversification des essences plantées (c’est ce qu’elle appelle la « forêt mosaïque » qui associe diversité des essences, zones en futaie régulière et irrégulière, vieux bois, réserves biologiques, îlots d’expérimentation…) et le choix d’espèces compatibles avec le climat de demain. Pour cela, l’ONF s’appuie sur le réseau mixte technologique (RMT) Aforce, qui a pour objectif d’accompagner les forestiers dans l’adaptation des forêts aux changements climatiques. En particulier grâce au développement de l’application ClimEssences qui propose aux gestionnaires de forêts publiques et privées comme aux particuliers, d’un côté des fiches pour plus de 100 espèces forestières regroupant les connaissances disponibles sur les essences d’après 37 critères extrêmement détaillés, de l’autre des modélisations cartographiques de la compatibilité climatique des essences. 

Deux projets expérimentaux menés par l’ONF

Parmi les projets de diversification menés par l’ONF, on peut citer le projet Giono qui vise à déplacer des espèces menacées par le réchauffement climatique pour les implanter dans des régions plus clémentes, c’est ce qu’on appelle la « migration assistée des essences » : c’est ainsi que plus de 7 000 chênes et hêtres du sud de la France, victimes de la sécheresse et de la chaleur, ont été implantés dans quelques forêts du Grand-Est, pour évaluer si ces arbres méridionaux se reproduiront bien avec les arbres naturellement présents.

Autre expérimentation menée dans le cadre du projet de recherche RENEssences (Réseau national d’évaluation de nouvelles essences), les « îlots d’avenir », constitués d’une seule essence, et implantés en forêt sur de toutes petites parcelles de 0,5 à 2 hectares (surface maximum de 5 hectares). Avec une analyse en continu de leur capacité d’évolution et d’adaptation au milieu par les experts du département Recherche, développement et innovation (RDI) de l’ONF. Par exemple, dans la forêt domaniale de Haye en Meurthe et Moselle, pour remplacer le hêtre et le chêne pédonculé, trop sensibles à la hausse des températures, trois essences ont été sélectionnées : le chêne pubescent, le sapin de Turquie et le Calocèdre. Le projet prévoit ainsi l’implantation d’une centaine d’îlots sur le territoire, essentiellement dans les régions Grand Est et Bourgogne-Franche Comté.

Quelle espèce choisir pour atténuer les effets du réchauffement climatique ?

Pour bien choisir les espèces à planter les résultats des travaux de l’ONF et de l’INRAE sont très intéressants à suivre, de même que les conseils de l’appli ClimEssences. 

Parmi les espèces testées par l’ONF, on peut citer :

  • Le cèdre de l’Atlas
  • Le copalme d’Amérique ou Liquidambar
  • Le chêne du Caucase
  • Le sapin de Céphalonie

Pour des jardins d’agrément, on choisira :

  • L’érable de Montpellier 
  • Le frêne à fleurs
  • Le savonnier 
  • Le pin maritime
  • Le robinier – faux acacia
  • Le genévrier
  • L’arbousier
  • Le charme

Aujourd’hui, la plupart des pépiniéristes sont dans une démarche d’adaptation de leur offre aux effets attendus du réchauffement climatique, n’hésitez donc pas à consulter votre pépiniériste local avant de vous décider. Mais attention, toutes ces recommandations ne valent qu’à titre indicatif, la gestion adaptative des forêts n’en étant encore qu’à un stade expérimental ! 

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