Arbre de vie : une tradition bien enracinée

Vous l’avez certainement remarqué, la pratique du tatouage est devenue presque banale en France, puisqu’aujourd’hui environ 11 millions de français (soit 1 sur 5) sont tatoués, les plus accros étant les femmes et les jeunes de 18 à 35 ans. Parmi les thèmes de prédilection de cette pratique universelle et ancestrale qui fait un retour en force, figure l’arbre de vie.

Voilà qui est intéressant si l’on considère que le tatouage relève à la fois du rite initiatique, du signe d’identité et de la marque protectrice. Au-delà de l’esthétisme du motif, il s’agirait donc de placer sa vie sous le signe et la protection de l’arbre, en tant que symbole de vie. Cette tendance n’est pas anodine, et nous rappelle que, depuis toujours, l’arbre a tenu une place importante dans la mythologie et la spiritualité humaine.

Arbre et spiritualité : un lien qui remonte à la nuit des temps

Grand spécialiste de l’histoire des religions, Mircea Eliade écrivait en 1989 dans son Traité d’histoire des religions : « Il est certain que, pour l’expérience religieuse archaïque, l’arbre (ou plutôt, certains arbres) représente une puissance. Jamais un arbre n’a été adoré rien que pour lui-même, mais toujours pour ce qui, à travers lui, se  » révélait « , pour ce qu’il impliquait et signifiait. […] c’est en vertu de sa puissance, c’est en vertu de ce qu’il manifeste (et qui le dépasse), que l’arbre devient un objet religieux. Si l’arbre est chargé de forces sacrées, c’est qu’il est vertical, qu’il pousse, qu’il perd ses feuilles et les récupère, que par conséquent il se régénère (il  » meurt  » et  » ressuscite « ) d’innombrables fois, etc. C’est en vertu de sa puissance, autrement dit, c’est parce qu’il manifeste une réalité extra-humaine – qui se présente à l’homme dans une certaine forme, qui porte fruit et se régénère périodiquement – qu’un arbre devient sacré. Par sa simple présence (« la puissance ») et par sa loi propre d’évolution ( » la régénération « ), l’arbre répète ce qui, pour l’expérience archaïque, est le Cosmos tout entier ».  

médaillon émaillé de l’Arbre de Vie, art mosan vers 1160

Quelques années plus tôt, en 1962, l’anthropologue Claude Lévy-Strauss constatait quant à lui que la mythologie de l’arbre cosmique était présente dans la plupart des cultures.  L’arbre, explique t’il, est considéré comme un pilier central autour duquel s’organise l’Univers naturel et surnaturel. C’est lui qui fait le lien entre le monde souterrain, la surface de la terre et le ciel. Par sa majesté, son autonomie et sa longévité, l’arbre est doté d’une puissance qui lui donne un caractère sacré, il est le révélateur de la présence divine.

Tour du monde de la spiritualité de l’arbre

Cette conception de l’arbre remonte à des époques où la vie humaine était beaucoup plus ancrée dans son environnement naturel, et où l’arbre apportait à l’homme nourriture, médicaments, protection, refuge, etc. Puissance et présence de l’arbre, ainsi que dépendance de l’homme vis à vis de cette puissance, sont alors les bases de la symbolique et de la spiritualité qui entourent l’arbre.

Dans la continuité de l’art paléochrétien et byzantin, l’arbre de vie est aussi un motif courant en Moyen-Orient.

A partir d’un socle commun de fondamentaux, chaque culture a élaboré au fil des âges son propre discours et sa propre spiritualité autour de l’arbre. C’est pourquoi nous vous inviterons dans les semaines à risquer une plongée au coeur de ces différentes traditions : peuples du Nord, Mayas, Babyloniens, Egypte ancienne, Chine, Christianisme, bouddhisme, culture africaine, kabbale,… Et à comprendre comment et pourquoi ces courants spirituels sont encore bien vivants de nos jours.  

à découvrir

.

COMMENTAIRES

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici

À LIRE AUSSI