Forêt cinéraire, une fin durable ?

Signe d’un véritable basculement civilisationnel, si 1% seulement des Français se faisaient incinérer en 1980, ils sont aujourd’hui 52% à envisager cette solution, selon un sondage réalisé en mai 2019 par le CREDOC sur « Les Français et les obsèques », et on estime que le virage en faveur de l’incinération majoritaire se fera autour de 2030. Se pose alors la question de la destination des cendres, très encadrée par la loi française : dispersion des cendres en pleine nature, dans un jardin du souvenir ou dans une propriété privée ? Inhumation de l’urne dans une case de columbarium, dans une cavurne, ou dans un caveau ? Ou encore scellement de l’urne sur une sépulture ? Un nouveau modèle est en train d’apparaître, qui nous vient d’Allemagne, la « forêt cinéraires». De quoi s’agit-il, et à quelles aspirations vient répondre cette nouvelle tendance ?

La « forêt cinéraire », à la croisée des préoccupations écologiques, économiques et spirituelles

Une forêt cinéraire est un site forestier dédié à des obsèques « durables » :  les cendres du défunt sont renfermées dans une urne funéraire biodégradable, laquelle est enterrée au pied d’un arbre préalablement désigné. Pour identifier les concessions, une petite plaque de bois y est suspendue avec le nom de la personne décédée. Les premières forêts cinéraires sont apparues en Allemagne au début des années 2000 et leur succès ne fait que croître, à la croisée de préoccupations écologiques, économiques et spirituelles.

Côté impact environnemental, le bénéfice de ces inhumations « zéro déchet » est multiple : les forêts sont « sanctuarisées », c’est à dire préservées dans la durée de tout risque d’exploitation forestière ; les urnes sont en lin ou en bois, biodégradables ; l’artificialisation des sols liée à l’étalement des cimetières classiques est limité ; de même que les dépenses d’eau et d’intrants chimiques destinées à leur entretien ; et l’empreinte carbone des stèles et caveaux en pierre, souvent importés de Chine s’efface.  Côté économique, le prix est considérablement réduit : inhumation beaucoup moins coûteuse, pas de frais d’entretien.

La forêt, trait d’union entre l’ici-bas et l’au-delà 

Si la crémation se banalise d’autant plus que la pratique religieuse recule dans la société, il n’en reste pas moins que le besoin de spiritualité et de rites d’accompagnement des défunts reste profondément ancré au cœur de chacun.  Le choix de la forêt cinéraire comme dernière demeure apporte une nouvelle réponse à ces aspirations. La forêt offre aux proches un lieu de mémoire, paisible et serein, où ils retrouvent une communion bienfaitrice avec la nature. En se recueillant au pied de l’arbre funéraire, les vivants se nourrissent de ce qui est, depuis la nuit des temps, symbole de vie, de force, de protection et d’éternité. Et le défunt, dont les cendres viennent féconder l’arbre qui l’abrite, participe intimement de cette communion et de cet élan d’énergie.

La première forêt cinéraire française, à Arbas, en Haute-Garonne

Au printemps 2019, à l’issue d’un long parcours juridique et administratif, la petite commune d’Arbas a pris la décision de transformer un bois communal de 1,25 ha en forêt cinéraire. La gestion du site cinéraire revient à la commune qui l’assume en collaboration avec l’opérateur funéraire Cime’Tree, signataire d’une « charte d’engagement » destinée à encadrer strictement l’activité. Sur cette base, les particuliers qui le souhaitent peuvent faire l’acquisition d’un emplacement, sélectionner un arbre dûment repéré et identifié, et y faire enterrer une urne biodégradable renfermant les cendres de leur corps ou du corps d’un proche. Succès immédiat, puisque quelques mois plus tard, les 3/4 des 216 emplacements étaient déjà réservés !  Elia Conte Douette, experte en développement durable à l’origine de ce projet travaille déjà sur l’ouverture d’autres sites en France…

DDM CHLOE HENRY / SITE D INUMATION D URNES FUNERAIRES BIODEGRADABLES PRES DU VILLAGE D ARBAS

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