Sapin de Noël, comment bien le choisir ?

Le 10 septembre 2020, le maire écologiste de Bordeaux Pierre Hurmic déclenchait un tollé général, chez les élus comme chez les citoyens, en annonçant que, pour Noël, sa ville ne mettrait pas d’ « arbre mort » sur la Place Pey-Berland, car ce n’était pas « sa conception de la végétalisation ». Trois jours plus tard un sondage de l’IFOP indiquait que 76% des Français étaient contre la suppression du sapin de Noël des centres-villes. Preuve de la puissance du symbole de l’arbre de Noël et du poids des traditions, on vit même la discussion resurgir dans un épisode de la très populaire série « Fais pas ci, fais pas ça » !

Le fameux sapin devant la cathédrale Saint-André, quartier Pey-Berland, Bordeaux, Gironde, Aquitaine, France. Décembre 2020 (Photo de Bernard Blanc sous licence creative commons)

Plus sérieusement, le journal de débat Le Drenche publia dans son édition du 14 décembre 2020 les avis contradictoires de deux experts qui ont le mérite de poser plus sereinement et globalement les termes du débat. D’un côté, Bruno Fuchs, député MoDem du Haut-Rhin favorable au sapin de Noël, explique que la décision de Pierre Hurmic est « une mauvaise réponse à une vraie problématique qui se pose aux décideurs politiques : comment construire un monde nouveau dans lequel le maintien des traditions doit à présent être évalué à la lumière de leur empreinte écologique ? ». De l’autre, Marine Foulon, responsable communication chez Zero Waste France, contre le sapin de Noël, élargit le débat en estimant que « quasiment devenu une injonction à acheter, Noël est en passe de devenir le nouveau Black Friday (…) c’est donc un moment important pour remettre en question ses pratiques et éviter la surconsommation ».

A l’heure où les sapins de Noël resurgissent (ou pas) sur les places de nos villes et dans nos foyers, il nous a paru important de nous pencher sur le sujet, en remontant pas à pas la filière du sapin de Noël et en allant à la découverte d’alternatives peut-être plus écolos au traditionnel sapin vert.

La filière française du sapin de Noël : une filière agricole plus vertueuse qu’il n’y paraît

Selon une étude réalisée en avril 2020 par Kantar (lien pdf) pour France Agrimer et Val’hor, près d’un foyer sur cinq (19,9%) a acheté un sapin de Noël naturel en 2019, ce qui représente 5,8 millions d’arbres, auxquels il faut ajouter les 1,2 millions de sapins en plastique. Côté bilan carbone, il n’y a pas photo. On s’en doutait, mais une étude réalisée en 2009 par l’institut canadien Ellipsos le confirme en comparant le cycle de vie  d’un sapin naturel faisant 150 km de transport et d’un sapin artificiel fabriqué en Chine à partir de dérivés de pétrole et conservé six ans (la moyenne en Amérique du Nord) : le bilan est largement favorable au sapin naturel, avec 3,1 kg de CO2 émis contre 8,1 kg de CO2 par an pour le sapin artificiel. Au final, il faudrait garder l’arbre en plastique près de 20 ans pour que son bilan carbone devienne favorable !

Le Morvan est la première région productrice de sapins de Noël de France, avec ¼ de la production nationale, soit environ 1 million de sapins, pour 1 500 hectares de plantations. Ci-dessus, un champs de sapins de Nordmann, une espèce originaire du Caucase. (photo sous licence creative commons)

Autre chiffre intéressant : 75% des sapins naturels proviennent de France. Et contrairement à ce que l’on tend à croire, ils ne sont pas du tout arrachés dans les forêts , mais issus de terres agricoles dédiées à leur culture. Soit un peu plus de 5.000 hectares, répartis dans les régions du Morvan, Jura, Poitou et Bourgogne. Il s’agit donc d’une filière agricole organisée, qui crée de l’emploi et fait vivre des territoires ruraux, comme l’explique Frédéric Naudet, président de l’Association Française du Sapin de Noël Naturel (AFSNN) : « La filière sapin représente un millier d’emplois à temps plein ; on peut multiplier ce chiffre par quatre ou cinq au moment de Noël car le secteur recrute des saisonniers issus de la main-d’œuvre locale. La filière est également à l’origine de nombreux emplois indirects : vendeurs, distribution…».

Champ de sapins de Nordmann dans le Morvan, cultivé par Treezmas (photo sous licence creative commons)

Comme les autres filières agricoles, la filière du sapin est engagée dans un processus de responsabilisation environnementale, avec la mise en place de labels, comme le label «Plante bleue», certifiant des conditions d’exploitation raisonnées, ou le Label Rouge, qui garantit un abattage après le 21 novembre et une densité de plantation moins élevée. Quant au reproche que l’on fait aux forêts de conifères d’être pauvres en biodiversité et de participer à l’acidification des sols, l’AFSNN le réfute en ces termes : « Une plantation de sapins de Noël reste en place au maximum 10 ans, la litière (branches mortes, aiguilles) responsable de l’acidification n’a donc pas le temps de se former. Enfin entre deux rotations de sapins de Noël, beaucoup de producteurs réalisent une interculture, céréales ou engrais verts qui fertilisent le sol ».

Enfin, petite critique que d’aucuns font aux cultures de sapins de Noël, le caractère esthétiquement triste de ces plantations très uniformes. Peut-être, mais n’oublions pas qu’au regard de ces 5000 hectares d’arbres cultivés, la France dispose, selon l’inventaire forestier 2017 de l’Institut national de l’information géographique et forestière (IGN), de 17 millions d’hectares de « vraie » forêt !

Location ou DIY : des alternatives plus écologiques au traditionnel sapin de Noël

Lancée en 2013 my little sapin a été créée par Pierre Naudet

Beaucoup d’efforts peuvent être encore faits pour améliorer l’impact écologique de la culture de sapins de Noël made in France mais, vu sous cet angle, le recours au sapin naturel n’est pas le crime parfait que ses détracteurs nous dépeignent. Pour autant, les alternatives à l’achat d’un sapin qui a de fortes chances d’être ensuite jeté ou brûlé existent et méritent d’être étudiées.

La première d’entre elles consiste à s’assurer d’acheter un sapin en pot, suffisamment petit pour que ses racines n’aient pas été coupées et qu’il puisse entamer une deuxième vie soit dans un pot sur le balcon ou la terrasse, soit en pleine terre dans le jardin. Pour mener à bien cette opération plus délicate qu’il n’y paraît, voici quelques conseils.  

Lancée en 2012, Treezmas était à l’origine une startup parisienne. Elle a été racheté en 2016 par Botanic

Autre solution : la location de sapin, ou plutôt l’ « adoption » de sapin comme se plaisent à le dire les partisans de cette solution, voulant ainsi « personnaliser » au mieux cet arbre que nous sommes invités à « accueillir » comme un « compagnon » au sein de nos foyers. Avant qu’il ne retourne en terre « auprès des siens », pour éventuellement le retrouver un an plus tard. A moins qu’il ne soit transformé en biogaz « s’il ne reprend pas son cycle de vie » ou définitivement remis en terre lorsqu’il atteindra une taille critique. Plusieurs entreprises se sont lancées dans cette activité, à l’image de Treezmas, Ecosapin ou My Little Sapin

Enfin, autre possibilité pour les plus puristes ou ceux qui disposent d’un budget plus limité : renoncer au sapin naturel pour se tourner vers le sapin fait maison, dont la réalisation reprend tous les codes de la symbolique de la préparation de Noël sans pour autant toucher à Dame Nature. Papier, carton, bois, métal, tissu… : ouvrez les yeux et faites marcher votre imagination, pour recréer dans un esprit d’upcycling la magie des décorations de Noël. De joyeux moments créatifs en famille ou entre amis en perspective…

Et vous, êtes-vous plus sapin naturel ou sapin synthétique ?

à découvrir

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