Avec Miscan’Perche, des agriculteurs du Perche se lancent dans la culture et la commercialisation du miscanthus
Herbe à éléphant, roseau de Chine , Eulalie, autant d’appellations pour nommer le miscanthus giganteus, une graminée géante venue du Japon et introduite dans le paysage agricole français au début des années 2000. Les surfaces cultivées en France sont en progression moyenne de 13 % par an sur les cinq dernières années, et en 2021 elles atteignaient 8 500 hectares. Parmi les exploitants qui se sont lancés dans l’aventure, la famille Legendre qui gère le GAEC de l’Orion à Sainte-Céronne-lès-Mortagne dans l’Orne. Terre des arbres est allé à leur rencontre.
Le miscanthus, un pari réfléchi sur l’avenir
Chez les Legendre, on est agriculteur de père en fils, et aujourd’hui ce sont Frédéric et son fils Samuel qui sont aux commandes du GAEC de l’Orion. Au fil des ans, l’exploitation, qui compte environ 260 ha, a su évoluer et s’adapter, l’activité d’élevage ayant progressivement diminué au profit de la polyculture (blé, orge, maïs, colza). Toujours en quête d’idées nouvelles et animé par des préoccupations écologiques, mais également soucieux de faire des choix judicieux dans la durée, Frédéric a pris son temps avant de démarrer la culture du miscanthus : il a étudié des revues et des sites spécialisés, consulté des experts, fait ses comptes (car l’investissement de départ n’est pas négligeable), et en 2019, il s’est lancé. Il a choisi 3 ha de parcelles peu adaptées à la culture céréalière et trop proches des habitations pour recevoir des produits phytosanitaires et a planté ses rhizomes. Trois ans plus tard, en mars 2022, il a fait sa première récolte, tout à fait satisfaisante pour une première : 100 m3 pour 3 ha (100 m3/ha espérés à terme, une première récolte partielle en 2021, avec 30 à 50 m3/ha).
Le miscanthus, une culture vertueuse aux multiples usages
C’est Joëlle, l’épouse de Frédéric, en charge de la communication, qui nous explique les multiples atouts du miscanthus, une plante assez facile à cultiver une fois les trois premières années écoulées, bonne pour les sols et la biodiversité, et aux débouchés variés :
– Une plante vivace, robuste, non invasive, qui n’a pas besoin d’intrants chimiques pour pousser :
Une fois maîtrisée la technique d’implantation des rhizomes, et moyennant un minimum de surveillance au démarrage, le miscanthus va se développer tout seul, sans être sujet aux maladies, ni aux attaques de rongeurs ou autres ravageurs. A seule charge pour l’agriculteur d’attendre trois ans pour que la tige soit suffisamment haute (elle peut atteindre 3,5m à 4m de hauteur !) et forte pour être récoltée. Et, une fois plantée, la rhizomateuse va vivre au moins 15 à 20 ans.
– Une récolte et un stockage simples, avec un passage à l’ensileuse en mars-avril quand la plante est bien sèche, qui coupe les tiges et les réduit en copeaux, qui seront ensuite stockés en vrac avant d’être vendus sur place.
– Un système racinaire très développé, qui permet de lutter contre l’érosion et le ruissellement et joue un rôle de filtre.
– Le miscanthus est aussi un bon capteur de CO2, et il constitue un habitat pour une faune diversifiée, favorable à la biodiversité.
– Un feuillage qui, lorsqu’il est sec en hiver, tombe au sol et forme un couvert nourrissant le sol, favorisant le développement des micro-organismes et empêchant la pousse des mauvaises herbes au champ.
– De multiples utilisations : c’est une des forces du miscanthus, ses usages sont nombreux et très prometteurs :
- Le paillage horticole : le miscanthus limite l’évaporation et la prolifération de mauvaises herbes, réduit l’acidification des sols du fait de son ph neutre, et a un bel effet esthétique.
- Les litières animales : que ce soit pour les chevaux, les poules, les animaux domestiques (chats, cochons d’Inde…), le miscanthus offre une litière biodégradable, au fort pouvoir absorbant, et qui limite la formation d’ammoniaque.
- Les toilettes sèches : les copeaux de miscanthus vont absorber les liquides et neutraliser les mauvaises odeurs.
- L’alimentation des vaches : incorporé dans la ration des bovins laitiers, le miscanthus améliore la rumination, ce qui diminue les acidoses au profit d’un meilleur état général de l’animal et d’une meilleure qualité du lait.
- Le bâtiment : le miscanthus peut être utilisé comme matériau d’isolation.
- Le chauffage : le miscanthus constitue un combustible écologique et économique, à condition d’être équipé d’une chaudière à biomasse.
- Le carburant : le miscanthus pourrait devenir un biocarburant prometteur de deuxième génération, via la production de bioéthanol par la conversion de la biomasse cellulosique composant les plantes.
La commercialisation en circuit court, au contact direct des clients
Avec tous ces atouts, on comprend l’attrait de la culture du miscanthus pour la famille Legendre ! Et au fond, explique Joëlle, une bonne partie du travail réside dans la commercialisation. Un volet qui n’est pas pour déplaire à Frédéric qui aime le contact direct avec les clients, sans intermédiaires. L’occasion aussi de faire de belles rencontres et de communiquer sur son métier.
Les Legendre ont créé la marque « Miscan’Perche » et en assurent la promotion via les réseaux sociaux, la distribution de flyers et la présence régulière (de mai à septembre) sur le marché de St Germain de Martigny à 10 km de leur ferme. Et les clients sont au rendez-vous : particuliers, mais aussi agriculteurs, paysagistes, animaleries ou communes, viennent se fournir sur place ou se font livrer du miscanthus en vrac ou conditionné en sacs.
Forts de ce succès, les Legendre ont cette année doublé leur surface de culture du miscanthus, à terme ils envisagent d’y consacrer 15 ha ou plus sur la totalité de leur exploitation, et c’est Samuel, le fils, qui gère la plantation et la récolte. Leur expérience illustre parfaitement l’engouement croissant pour cette plante innovante, écologique et économique, associant diversification et circuits courts !
Pour en savoir plus :
« Miscan’Perche », la paille de miscanthus de la Ferme de l‘Orion
Fresnay – 61380 Ste Céronne lès Mortagne
Disponible aussi sur notre annexe de St Langis lès Mortagne
Tél : 09 53 80 71 47 – 06 01 16 52 54 – miscan.perche@gmail.com
Vente à la ferme sur rdv. Livraisons possibles suivant quantité et distance.
Vente sur le marché de producteurs de St Germain de Martigny de mai à septembre.
Sacs 80 et 125 litres, big bags 1000 litres, vrac à partir de 500 litres.
Page Facebook « Miscan’Perche »
France Miscanthus : une association pour le développement et la promotion du miscanthus