Le 13 janvier 2021, la « Pouplie », un peuplier noir de Boult-sur Suippe dans la Marne recevait le Prix du Public de l’année 2020, dans le cadre du Concours de l’Arbre de l’Année organisé par le Magazine Terre Sauvage et l’ONF, avec 6344 votes sur 32 766. Un très joli score et une très belle récompense qui doivent beaucoup à Amandine Polet, une jeune femme qui a tout donné pour sauver cet arbre remarquable qui était alors menacé de destruction.
Sa détermination a de toute évidence frappé le jury qui démarre sa présentation de l’arbre primé par un portrait de la jeune femme : « Son regard clair est aussi pénétrant que sa passion est communicative » ! Et on le comprend tant son engagement a été exemplaire.
La Pouplie, un arbre intimement lié à l’histoire du village
A Boult-sur-Suippe, un village de 1700 habitants, tout le monde connaît la Pouplie, un peuplier noir géant de près de 40 mètres de haut et 10 mètres de circonférence, qui doit son nom au patois local dans lequel peuplier se dit « pouplier ». L’arbre dont on ne sait plus s’il a 200, 300 ou 400 ans, au fond il a toujours été là, fait tellement partie du patrimoine local qu’il figure sur le blason de la commune ! On raconte aussi que lors de la 1ère guerre mondiale, il servit de mirador pour les soldats français, qui perchés sur ses branches, faisaient le guet en direction des Ardennes pour surveiller l’arrivée des soldats allemands. Et pour les enfants du pays, comme Amandine, il est intimement lié aux souvenirs d’enfance.
Attention, arbre en danger !
Première alerte pour la Pouplie en 2018, lorsqu’à l’occasion des feux d’artifice, un incendie se déclare à l’intérieur de l’arbre, causant de gros dégâts mettant en péril sa santé. Le Maire contacte alors l’ONF qui vient faire un diagnostic (pris en charge financièrement par l’association A.R.B.R.E.S.), et préconise un bon élagage pour redonner des forces à l’arbre et assurer la sécurité des riverains.
Deuxième alerte quelques mois plus tard, lorsque le propriétaire du terrain de 1400m2 sur lequel est situé l’arbre décide de l’abattre pour viabiliser et vendre sa parcelle. Au vu du prix élevé demandé (100 000 euros), impossible pour la commune de sauver son arbre emblématique en rachetant le terrain sur ses fonds propres. Autant dire que les jours de la Pouplie sont comptés…
Amandine Polet découvre le Concours de l’Arbre de l’Année
C’est alors qu’Amandine Polet, souhaitant à tout prix sauver « son » arbre, découvre pendant le confinement de mars 2020, via l’association A.R.B.R.E.S., le Concours de l’Arbre de l’Année. L’association A.R.B.R.E.S. (Arbres Remarquables: Bilan, Recherche, Études et Sauvegarde) a été créée en 1994 avec comme objectifs d’identifier, protéger et valoriser les arbres remarquables en France. Elle a notamment créé un label « Arbre remarquable de France » et travaille en partenariat avec l’ONF dans une démarche de préservation et de mise en valeur de ces arbres. Quant au Concours de l’Arbre de l’Année, organisé depuis 2011 par le magazine Terre sauvage et l’ONF, il récompense « des arbres de France présentés par des groupes et sélectionnés pour leurs caractéristiques naturalistes, esthétiques, historiques mais aussi pour le lien qui unit le groupe à l’arbre ». Chaque année le jury sélectionne parmi les centaines de candidatures un arbre par région, et les arbres nominés sont ensuite soumis au vote du public.
Une attachée de presse pour un arbre remarquable
Amandine comprend que le concours de l’Arbre de l’année pourra aider à sauver la Pouplie, et que pour cela elle doit se lancer corps et âme dans une campagne acharnée en faveur de son candidat. C’est ce qu’elle fait, elle devient en quelque sorte l’attachée de presse de la Pouplie. Première étape : convaincre le propriétaire du terrain de postuler, ce qu’il accepte de faire par curiosité. Bonne surprise : la Pouplie est retenue dans la shortlist des 14 nominés qui iront en finale. Amandine mobilise alors sans relâche les habitants du village, la municipalité, les associations, les journalistes… si bien que l’arbre obtient près de 6 400 voix, ce qui lui vaut de remporter le Prix du Public. Étape suivante : le concours « Arbre européen », où la Pouplie termine brillamment à la 9ème place sur 14. Résultat : une forte médiatisation qui pour Amandine doit surtout avoir valeur d’inspiration pour d’autres initiatives de sauvetage des arbres. Et le rachat de la parcelle par la commune, ce qui permet de protéger l’arbre.
L’arbre plie mais ne rompt pas
L’histoire ne s’arrête pas là puisqu’en octobre 2021, la Pouplie a subi les méfaits de la tempête Aurore, perdant au passage une de ses branches charpentières… En guise de vœux de bonne année sur la page Facebook de la Pouplie, Amandine Polet résume ainsi son histoire : « Début 2021, la sauvegarde grâce au titre du plus bel Arbre de l’année et du label Arbre remarquable de France. Fin 2021, la terrible tempête Aurore qui laisse des traces…Pour 2022, se focaliser sur l’essentiel. Inspirons-nous des nouveaux bourgeons robustes qui attendent le printemps et qui bientôt seront feuilles frémissantes au vent ». #inspiration
Un grand merci pour cet article. Je suis toujours touchée de lire mon histoire au travers des mots de quelqu’un d’autre !
Merci beaucoup pour votre retour. Votre combat nous a beaucoup touché ! Bonne journée.
bravo à son combat gratitude pour tout
Merci de votre retour. Nous aimons partager de belles histoires d’amoureux des arbres.
Superbe article, pour une jeune femme et le peuplier noir aussi superbes… Continuez à nous faire découvrir autant de personnages forts en volonté, en opiniâtreté, en passion…