« Inspirations », c’est le nom de la série que nous démarrons aujourd’hui et qui va vous entraîner dans un tour du monde des figures les plus inspirantes de la protection des arbres et de l’environnement. Commençons, si vous voulez bien, avec une femme, Wangari Maathai, porte-drapeau du combat écologiste au Kenya et dans le monde.
Il y a dix ans, le 25 septembre 2011, la kenyane Wangari Muta Maathai quittait ce monde, nous laissant en héritage plus de 30 millions d’arbres et l’exemple stimulant d’un engagement déterminé en faveur de la protection de l’environnement et de la promotion des femmes. Retour sur le parcours exceptionnel de cette emblématique « gardienne des arbres », qui confiait dans son ouvrage « Réparer la terre » : « Devant les restes de ce qui avait été un arbre plein de vie, la fumée mêlée à la lueur rouge des braises […] m’est apparue comme une définition plus que parfaite de l’enfer ».
Wangari Maathai , une vie d’engagement
Wangari Maathai est née le 1er avril 1940 au Kenya, alors colonie britannique, dans une famille de paysans kikuyu. A l’âge de 20 ans, elle obtient une bourse pour aller étudier la biologie aux États-Unis. Elle est la première femme d’Afrique centrale et de l’Est à décrocher un doctorat de vétérinaire obtenu à l’Université de Nairobi au Kenya. Très vite elle réalise combien la dégradation de l’environnement, la pauvreté et les conflits sont liés. « Une personne pauvre abattra forcément le dernier arbre pour préparer son dernier repas », constate t’elle. « Mais plus vous dégradez l’environnement, plus vous vous enfoncez dans la pauvreté ». C’est cette conviction qui sous-tend l’engagement de celle dont l’ex-mari dira : « Elle est trop instruite, trop forte, trop brillante, trop têtue et trop difficile à contrôler » !
Le Green Belt Movement, une ambitieuse campagne de reforestation
En 1977 Wangari Maathai, alors membre du Conseil national des femmes du Kenya (National Council of Women of Kenya, NCWK), lance une vaste campagne visant à replanter des arbres au Kenya, le Green Belt Movement. L’objectif est de restaurer un environnement très dégradé en construisant des « ceintures vertes » autour des villes et des villages, comme elle l’explique dans son autobiographie publiée en 2006 (« Celle qui plante des arbres ») : « A l’époque de ma naissance, les paysages autour d’Ihithe (Centre) étaient riches, verts et fertiles, (…) les saisons étaient si régulières », raconte-t-elle. « Aujourd’hui, le climat et l’environnement ont changé » et sont devenus « imprévisibles ». Le sujet de la déforestation est en effet crucial au Kenya où la couverture forestière, de qualité variée et mal entretenue, représente moins de 2% du territoire national.
Pour mener à bien son projet, Wangari Maathai sensibilise et mobilise les communautés de base, en particulier les femmes, qui ont un besoin vital de bois pour la cuisson des aliments, la fourniture de piquets de clôture et le bois de chauffage. Le principe est de les rémunérer au bout d’un certain nombre d’années selon la quantité de plants survivants. « Chaque fois que vous plantez un arbre, vous plantez aussi une graine d’autonomie pour les femmes, une graine de respect pour l’environnement… », explique Wangari Maathai. Résultat : plus de 30 millions d’arbres ont été replantés au Kenya ! Avec de multiples bénéfices : diminution de l’érosion des sols et meilleur accès à l’eau grâce aux arbres qui permettent de récupérer les eaux de pluie ; revitalisation des cultures, plus productives et moins sensibles aux aléas climatiques ; augmentation et diversification du revenu des femmes grâce à l’amélioration des productions agricoles et la production de bois à brûler.
Une initiative de reforestation couronnée par le Prix Nobel de la Paix
Fort de cette réussite au Kenya, le Green Belt Movement a poussé l’ONU à lancer une stratégie similaire qui a permis de planter plus de 11 milliards d’arbres à travers le monde ! Très engagée dans la vie politique de son pays, Wangari Maathai est élue au parlement kenyan en 2002 avec 98 % des voix. En 2003, elle devient ministre de l’Environnement. Et en 2004, à l’âge de 64 ans, elle est la première femme africaine à recevoir le Prix Nobel de la paix pour « sa contribution en faveur du développement durable, de la démocratie et de la paix ». Pour la petite paysanne des Hautes Terres devenue Prix Nobel, c’est évident : «Nous devons aider la Terre à soigner ses blessures et en même temps soigner les nôtres ». En 2006, la France récompense Wangari Maathai en lui remettant les insignes de Chevalier de l’Ordre national de la Légion d’honneur.
Laissons le mot de la fin à l’activiste nigériane Nnimmo Bassey qui s’enthousiasmait en ces termes : « Si personne n’applaudissait cette grande femme d’Afrique, les arbres applaudiraient à leur place ! ».
Si vous aussi souhaitez partager avec notre communauté votre enthousiasme pour un « héros » de la protection des arbres, contactez-nous !