Une nouvelle étude nous en apprend plus sur les effets du changement climatique sur les arbres dans les villes.
On le sait, le changement climatique menace la santé des hommes. On le sait moins, il menace également la survie des arbres urbains. Chacun a pu le constater cet été. La sécheresse et les coups de chaleur ont mis à mal nombre d’espèces, même parmi les plus résistantes à la sécheresse.
Des chercheurs de plusieurs pays viennent de publier la première analyse de risque pour les espèces d’arbres plantées en ville, dans la revue Nature Climate Change. Jonathan Lenoir, chercheur au CNRS, a participé à cette étude.« . Avec nos collègues australiens, porteurs du projet, nous avons cherché à comprendre quel est l’impact actuel du climat sur les différentes espèces d’arbres et d’arbustes présentes dans les villes. Contrairement aux espèces en milieu naturel, elles ont été très peu étudiées. L’idée était de dresser un état des risques actuels et futurs ».
Les chercheurs, français et australiens notamment, ont utilisé l’inventaire mondial des arbres urbains – une base de données répertoriant plus de 4 000 arbres et arbustes différents plantés dans 164 villes de 78 pays – pour évaluer l’impact probable du réchauffement climatique sur les arbres plantés le long des rues et dans les parcs.
Une menace constatée dans 164 villes étudiées
Sur les 164 villes analysées, plus de la moitié des espèces d’arbres sont déjà menacées dans certaines villes en raison de la hausse des températures et de la modification des précipitations. Et d’ici 2050, cette proportion devrait atteindre plus des deux tiers. Le risque climatique pour les espèces des zones urbaines est particulièrement élevé dans les villes des régions tropicales et dans les pays vulnérables comme l’Inde, le Niger, le Nigeria et le Togo.
Dans les régions plus tempérées, les chercheurs ont constaté qu’un temps plus sec dans le cadre du changement climatique devrait avoir un impact important sur les arbres, en particulier à York, Londres et Birmingham. Les chênes, érables, peupliers, ormes, pins et châtaigniers vivant en ville figurent parmi plus de 1 000 espèces d’arbres menacées par le changement climatique.
Pourquoi il faut protéger les arbres des villes ?
Les scientifiques souhaitent que les arbres existants soient mieux protégés et que des variétés résistantes à la sécheresse soient plantées, lorsque les effets du changement climatique sont trop importants. En effet, les arbres ont un effet rafraîchissant et fournissent de l’ombre, ce qui rend les villes plus vivables.
Or, de nombreux arbres dans les zones urbaines sont déjà stressés par le changement climatique et, à mesure que le climat devient plus chaud et plus sec, le nombre d’espèces potentiellement menacées va augmenter, déclare Manuel Esperon-Rodriguez de l’université Western Sydney à Penrith, en Australie. « Les arbres des villes et des rues peuvent améliorer la santé physique et mentale, jouer un rôle important dans l’intégration sociale et atténuer les effets de l’augmentation de la température, ce qui a été le cas pendant la pandémie. Nous devons donc veiller à ce que les arbres que nous plantons aujourd’hui atteignent le stade où ils pourront offrir tous ces avantages aux générations futures » a-t-il ajouté.
Quelles mesures prendre pour protéger les arbres ?
Le constat des chercheurs est clair. Deux tiers des espèces d’arbres et d’arbustes pourraient être en situation périlleuse dans les grandes villes du monde entier si rien n’est fait dans les 30 ans à venir.
Point positif, les auteurs de l’étude présentent des axes de défense et de protection des arbres afin de les préserver et de faire perdurer leur rôle de climatiseur naturel des environnements urbains :
- Diminuer les surfaces imperméabilisées et rediriger l’eau vers les sols plutôt que dans les caniveaux ou le bitume des rues. Cela permettra aux racines d’avoir un meilleur accès l’eau.
- Planter plus d’arbres et d’arbustes en villes en choisissant des essences résistantes à la sécheresse tout en privilégiant les espèces indigènes.
- Maintenir les grands arbres existants dans les villes le plus longtemps possible avant de replanter de jeunes sujets.
- Cesser de sacrifier des arbres au profit d’espaces bitumés.
Espérons que grâce à cette nouvelle étude les collectivités tourneront définitivement le dos à la bitumisation extrême de nos centre villes !