La forest school : révolution verte de l’éducation ?

« Si j’étais roi de France, il n’entrerait pas un enfant dans les villes avant qu’il eût l’âge de douze ans (…) Jusque-là, ils vivraient à l’air, au soleil, dans les champs, dans les bois, en compagnie des chiens et des chevaux, face à face avec la nature qui fortifie les corps des enfants, prête l’intelligence à leur cœur, poétise leur esprit, et leur donne de toutes choses une curiosité plus utile à l’éducation que toutes les grammaires du monde » : voilà ce qu’écrivait en 1854 Alexandre Dumas, se posant en précurseur éclairé d’une tendance qui arrive enfin en France, l’école dans la forêt ou « forest school ». Suivez le guide !

Un concept né dans les années 20 aux Etats-Unis, avant d’essaimer en Europe

Ce sont les Américains qui ont créé la toute première « Forest school » dans les années 20 à Laona (Wisconsin), avant d’être progressivement rejoints dans leur mouvement par les Danois dans les années 50, puis les Allemands, les Anglais, les Canadiens, les Suisses, les Autrichiens, et même les Australiens et les Sud-coréens ! On compte aujourd’hui 3000 « écoles dans la forêt » en Europe, dont 2000 en Allemagne, et 20% des petits Danois sont scolarisés dans l’une des 700 écoles maternelles en plein air du pays. La France a tardivement franchi le pas, puisque la première « école dans la forêt » française a vu le jour en 2018, mais aujourd’hui les initiatives abondent, comme en témoigne le Réseau de Pédagogie par la Nature (RPPN) qui recense les projets pédagogiques existants. 

Qu’est-ce que la « pédagogie par la nature » ?

La philosophie des écoles dans la forêt se distingue clairement du schéma éducatif classique, dans la mesure où l’idée n’est pas de reconstituer la salle de classe dans la forêt, histoire de prendre un bol d’air pur, mais bien de favoriser l’épanouissement physique et les qualités sociales, émotionnelles et cognitives des enfants à travers des expériences dans la nature. Des études ont montré que l’exposition à la nature permet de rassembler cinq conditions qui sont favorables à l’apprentissage : l’attention, l’auto-discipline, un état de stress réduit, l’engagement et la motivation. Dans la forêt, tout devient alors prétexte à apprentissage, en mobilisant tous les sens : on touche, on sent, on goûte, on écoute, on observe. Et on développe au passage la curiosité, l’ouverture, la créativité, l’imaginaire. Cela dans un cadre beaucoup moins contraint que dans une salle de classe : la liberté et la confiance, et donc l’autonomie, sont les maîtres mots, et la prise de risque (grimper aux arbres, se servir d’un couteau, allumer un feu, etc.) fait aussi partie du programme. Sans oublier le développement d’habiletés comme la socialisation, l’entraide ou la coopération. En somme, la forêt serait le support pédagogique privilégié de la croissance de l’enfant !

A quoi ressemble une journée type dans une école de la forêt ?

Comme dans une école classique, la journée d’école dans la forêt est rythmée par un emploi du temps précis, et ce quelle que soit la météo :

  • L’arrivée et la salutation : les enfants et les accompagnateurs s’asseyent en cercle, toujours au même endroit, se saluent, puis chacun choisit ses activités de la journée ;
  • Les activités : menées sur le principe du jeu libre, seul ou en petits groupes, sous la houlette d’un(e) accompagnateur/trice qui est là pour guider les enfants et répondre à leurs questions : jeux de construction et de fabrication ; jeux d’observation ; jeux d’exploration et d’orientation ; …
  • Le repas en plein air ;
  • Après de nouvelles activités, un temps d’échange collectif et de partage, puis le retour à la maison.

Avec la crise sanitaire, l’école dans la forêt prend tout son sens

Preuve de la sédentarisation croissante des enfants aujourd’hui, une étude publiée par l’Institut de veille sanitaire (INVS) en 2015 montre que 39% des enfants de 3 à 10 ans ne jouent jamais en plein air pendant les jours d’école. En cause, les écrans, les emplois du temps surchargés des familles, et la tendance à cantonner les enfants dans des espaces clos où on les pense plus en sécurité. La nature, inconnue, devient alors le lieu de tous les dangers. La crise sanitaire et le confinement, qui ont poussé cette logique jusqu’au bout, en ont aussi montré les limites : les enfants ont un besoin vital du lien avec la nature pour se développer harmonieusement. Gageons alors que dans le « monde d’après » les « écoles dans la forêt » pousseront comme des champignons ! 

Pour en savoir plus :

  • Un livre :  L’école à ciel ouvert, Editions de la Salamandre, mars 2020

Un ouvrage de référence, conçu par les pédagogues de la Fondation Silviva, qui, après une partie théorique, propose 200 activités pédagogiques à pratiquer dans la nature.

Le film présente l’école Wolf, au Canada, qui se base sur les cultures ancestrales indigènes, pour amener les enfants, 3 jours par semaine, à se connecter en profondeur à la nature, aux autres et à eux-mêmes.

Le premier réseau pour les Forest schools à la française

à découvrir

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